Plongée POP
Plongée POP : Le Grand Bleu
FAITS et CONTEXTE
Au cours des années 1960 et 1970, les champions du monde Jaques Mayol et Enzo Maiorca s’affrontent dans les eaux océaniques, battant tour à tour le record l’un de l’autre. Leurs performances laissent les experts médicaux de l’époque sans voix, et attirent l’attention du grand public sur la plongée en apnée. C’est finalement Mayol, le français, qui surclasse l’italien et devient le premier apnéiste à dépasser les 100 m de profondeur. Et c’est précisément autour de Mayol, considéré comme le père de l’apnée moderne, que le réalisateur Luc Besson tourne son premier film culte, Le Grand Bleu.
LE FILM
L’océan est si vaste et tient tant du rêve qu’il pourrait envelopper l’inconscient collectif de tout être vivant, de l’homme jusqu’à la bactérie. Un fort sentiment surréaliste plane tout au long du film, qu’il s’agisse du rêve de Mayol (Jean-Marc Barr), du masque d’Enzo (le rôle de Maiorca est joué par le brillant Jean Reno), ou encore de la scène de la beuverie au fond de la piscine. Dans un style digne de Besson, tous les personnages sont caricaturaux, y compris Rosanna Arquette, dont les mouvements rappellent parfois ceux d’une marionnette, ainsi que les Italiens, et les juges des compétitions. En mer, toutefois, les choses deviennent sérieuses : les apnéistes s’hyperventilent, s’immergent, reviennent à la surface, dansent. Ils dansent avec les dauphins. En particulier l’éthéré Barr-Jaques Mayol : dans le film, comme dans la réalité, il est le premier à entrevoir les similitudes physiologiques entre l’homme et le dauphin. Mayol a posé les bases de l’exploration scientifique du phénomène de bloodshift, et de la plongée en apnée des temps modernes.
L’intrigue repose sur des dates, des chiffres, des personnages et des événements qui suivent une licence artistique : aucun des deux héros n’a atteint 122 m de profondeur dans la réalité. Jaques Mayol et Enzo Maiorca ont en fait battu les records l’un de l’autre sur une beaucoup plus longue période de temps, et pratiquement jamais lors d’une même compétition.
Mais Le Grand Bleu est un film qui, mise à part l’intrigue, n’abuse pas de la licence artistique, bien au contraire : les événements, les scènes et les configurations sont rigoureusement en ligne avec la réalité technique et physiologique de l’époque. Les plongeurs de soutien présents à différentes profondeurs portent un équipement adéquat, et il est même fait mention de la limite de 60 m pour l’utilisation d’air en tant que gaz respiratoire en plongée. Au-delà de cette profondeur, les plongeurs de soutien doivent utiliser du trimix. La ligne de descente, la gueuse et le parachute de remontée sont réels ou extrêmement similaires à l’équipement utilisé dans les années 1980.
HÉRITAGE
Le public du Grand Bleu se compose soit de plongeurs, soit de plongeurs en devenir. Besson répand ci et là des joyaux pour les aficionados et des appâts pour les novices, dans un film qui offre une vue à 360 degrés sur le monde de la plongée. L’une des toutes premières scènes est celle d’un sauvetage dans les entrailles d’une épave. Un autre moment inoubliable est celui de la plongée sous glace réalisée au Pérou. Et que dire de la scène à bord d’une cloche de plongée, où les personnages ont une voix de Donald Duck suite à la respiration d’hélium ? Et des séances de nage dans une baie la nuit avec des dauphins ? Autant de scènes capables d’envoûter les « non avertis », et d’envoyer au septième ciel ceux qui plongent déjà. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il s’agit d’un film culte pour tous ceux qui perçoivent les profondeurs de l’océan comme un miroir de leur propre espace intérieur, comme une scène où se nouent des liens entre l’homme et les créatures marines.
CITATIONS CÉLÈBRES
« Roberto… mio palmo ! », première phrase prononcée par Jean Reno en « pseudo-italien », si mal dite qu’elle est entrée dans la postérité.
« C’est ma famille », phrase prononcée par Jaques à Rosanna Arquette, en sortant une photo de dauphins de son portefeuille.
FAITS AMUSANTS
- Au départ, c’est Christophe Lambert qui avait été choisi pour le rôle de Mayol, mais une infection de l’oreille lors de ses premières plongées l’ont forcé à abandonner le rôle.
- Luc Besson est un plongeur, fils de deux instructeurs de plongée du Club Med. Il a indiqué avoir mis fin à ses activités de plongée à l’âge de 17 ans en raison d’un incident non spécifié.
- Le film a été tourné dans des endroits de rêve : Ios et Amorgos (îles grecques des Cyclades), Taormina (Sicile), La Raya (Pérou), Cannes et Antibes (Rivière française) et St John (îles Vierges).
- L’épave de la scène du sauvetage est l’Olympia, qui repose toujours dans la baie de Liveros, sûr l’île d’Amorgos.
- Besson a présenté son projet à Jacques Mayol à Marseilles en 1983, et ce dernier a aussi travaillé sur le scénario.
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