Le code du plongeur
Le code du plongeur : le centre de plongée
Vous êtes arrivé à l’heure, êtes descendu de l’avion, avez attendu avec impatience votre valise avec votre matériel de plongée et avez failli pleurer de joie lorsque vous l’avez finalement aperçue.
À votre arrivée à l’hôtel, vous avez pris votre clé, mais vous ne vous êtes pas dirigé vers votre chambre. Vous vous êtes d’abord précipité au centre de plongée, votre certificat Advanced OWD entre les dents. Vous avez finalement découvert qu’une plongée sur épave était prévue pour le lendemain et vous avez réservé votre place.
« Je peux voir votre carnet de plongée ? »
Dès que la jeune femme au comptoir a prononcé « carnet de plongée », un silence angoissant s’est abattu sur le centre. Vous aviez envie de vous évanouir et vous avez pâli devant une jeune femme de 20 ans.
Oui, les centres de plongée ont un faible pour les carnets de plongée, surtout en format papier. Ils adorent feuilleter leurs pages, les télécharger, ricaner en survolant les cachets gênants. Ils veulent absolument savoir où vous avez effectué votre dernière plongée. Ce n’est pas par curiosité, mais pour votre sécurité et celle de vos compagnons de plongée. Si vous n’avez pas de carnet de plongée, on peut vous demander de faire une plongée d’adaptation.
Plongées d’adaptation
Si les mots carnet de plongée mettent les gens mal à l’aise, les mots plongée d’adaptation instillent, quant à eux, l’angoisse, la panique et la colère. Surtout si vous venez du sud de l’Europe. Si vous venez du nord de l’Europe, vous ronchonnez, mais vous finissez par accepter.
Faire la forte tête en refusant catégoriquement cette plongée n’est pas une bonne idée. On peut vous refuser la participation aux plongées guidées ou le prêt d’une bouteille ou de poids si vous prévoyez de plonger en solo. Répondre à un jeune instructeur « Tu n’étais même pas né quand j’ai appris à nettoyer un masque ! » ne vous aidera pas non plus à atteindre votre but.
Poser trop de questions
Les plongeurs ont tendance à croire que les divemasters se gardent bien égoïstement de vous montrer les meilleurs sites de plongée. Cela revient à croire que le PDG de Netflix interrompt ses activités pour regarder des films tout seul. Les divemasters peuvent effectivement mentir si vous leur demandez quel est leur site de plongée préféré, mais dans le but de vous suggérer un site de plongée plus adapté à vos compétences techniques si celles-ci sont insuffisantes. Ils ne cherchent pas à vous duper, ils sont tout simplement bienveillants : ils ne veulent pas que vous soyez jaloux. Et ne comparez pas l’Europe et l’Afrique avec les États-Unis, les divemasters ne vous servent pas de thé ou de café sur le canot et ils ne préparent pas votre matériel.
L’espace dans les centres de plongée est régi par une règle contre-intuitive
C’est une règle universelle : la surface horizontale disponible est inversement proportionnelle à la taille du centre de plongée. Vous constaterez rapidement que les plus grands centres de plongée, et les plus grands bateaux, paraissent plus petits qu’ils ne le sont réellement. C’est dû au fait que vous avez éparpillé tout votre matériel. Si vous disposez immédiatement votre matériel dans l’espace prévu à cet effet, quelque chose d’incroyable se produira : vous aurez plus de place pour vous tenir debout et vous asseoir. Cela renforcera également la bonne humeur et empêchera les chutes sur des sols inévitablement mouillés. Bien que les sols soient couverts de kilomètres de tapis et de revêtement en caoutchouc, ils sont glissants et, statistiquement, ce sont les endroits les plus fréquentés, où les gens marchent pieds nus ou en tongs.
Le fait d’éparpiller votre matériel constitue un danger, mais cela favorise la socialisation. Il semblerait que l’échange accidentel de matériel entre plongeurs est à l’origine de nombreux mariages entre plongeurs (une union qui est légalement reconnue dans de nombreux pays). Cependant, plonger pendant toute une semaine avec des palmes deux fois plus petites ou plus grandes que les vôtres pourrait nuire à votre confort et à votre sécurité. N’oubliez pas que vous pourriez accidentellement prendre le matériel de quelqu’un avec qui vous ne vous entendez pas.
Matériel de location
Le matériel de location est bien évidemment du matériel de seconde main. Vous ne trouverez du matériel de location neuf que si celui-ci vient d’être remplacé ou si le centre de plongée vient tout juste d’ouvrir. Vous devriez traiter le matériel comme vous vous occuperiez de personnes âgées : avec soin et respect. Tout comme les passants sont plus susceptibles de jeter des mégots de cigarettes et des détritus sur un trottoir sale, les plongeurs sont plus susceptibles de malmener le matériel de seconde main. Vous pourriez égoïstement vous sentir autorisé à le faire sous prétexte que ce matériel ne vous appartient pas. Un matériel défectueux et mal manipulé pourrait se retourner contre les plongeurs. Toute comparaison avec le respect des personnes âgées mise à part, une manipulation délicate de votre matériel vous permettra de survivre dans un environnement étranger. Vous devez le rendre dans l’état dans lequel on vous l’a prêté. Et bien rincé si possible.
Bacs de rinçage
La zone de rinçage d’un centre de plongée est comme un magasin de porcelaine, il faut y redoubler de prudence. Le sel de mer, le sable, les bacilles et les liquides organiques peuvent nuire au bon fonctionnement du matériel et vous mettre dans l’embarras. N’oubliez pas que les centres de plongée n’utilisent pas souvent de désinfectants pour préserver l’environnement. Si vous vous êtes soulagé dans votre combinaison de plongée, n’utilisez surtout pas de chlore et ne la rincez pas en même temps que les masques et les détendeurs, par pitié ! De plus, ne lavez pas vos bottes avec les gilets de stabilisation et les régulateurs : le sable et la technologie de précision ne font pas bon ménage. Bien qu’il soit recommandé de faire ses besoins dans sa combinaison de plongée si l’on a très froid, personne n’a envie d’être en contact avec votre urine par la suite.
Si vous ne pouvez vraiment pas vous retenir
En principe, si vous louez une voiture à l’aéroport, vous ne faites pas vos besoins sur les sièges et les tapis. Cela devrait également être valable pour les combinaisons de plongée louées. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez dans votre voiture ou dans votre combinaison, mais pas lorsque le bac de rinçage est partagé. Si vous utilisez votre propre combinaison, rincez-la séparément. Et que se passerait-il si vous faisiez vos besoins dans une combinaison de plongée louée ? Je conçois que c’est difficile à admettre, mais vous devriez la rincer séparément et demander du savon et du désinfectant.
Conseils pour les experts
Si votre crédibilité repose sur votre rigueur, n’oubliez pas que les plongeurs ont simplement envie de s’amuser et de relâcher la pression. Ils n’apprécieront pas une plongée d’adaptation dirigée par un dictateur, surtout si vous leur facturez le prix d’une plongée conventionnelle. Traiter les gens qui se présentent au centre comme des algorithmes est l’une des tendances mondiales les plus dangereuses.
Fournir un matériel révisé et bien entretenu est un bon début si vous voulez vous entourer de plongeurs souriants et éviter les rancunes. C’est aussi un moyen très simple d’éviter une action en justice.
Je n’ai jamais vu de cas de mononucléose, ou d’Ebola, dus à la purge des détendeurs dans les bacs de rinçage, mais une petite quantité de bicarbonate (désinfectant naturel) est la bienvenue. Deux bacs de rinçage (un pour les palmes, les chaussettes et les combinaisons, et un pour les gilets de stabilisation, les détendeurs et les masques) valent mieux qu’un. Une douche avec une barre de savon neutre où les plongeurs peuvent rincer leur combinaison qui a « subi un petit accident » permettra à votre centre de décrocher cinq étoiles.