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Le code du plongeur
Le code du plongeur : Plonger en groupe
"J'ai vu tant de choses que vous ne pourriez pas croire… Des nerfs de plongeurs en feu surgissant de l'épaule de Shark Reef… J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons de phares de plongée briller dans l'ombre du labyrinthe du Thistlegorm. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme des appareils photo hors du bateau – à moins que nous, hum, en parlions ?" – Roy Batty, s'il avait été un plongeur.
Les êtres humains ne se comportent pas comme des oiseaux ou des fourmis au naturel. Si vous voulez qu'un groupe agisse de manière coordonnée, vous devez leur dispenser une certaine formation. Les plongeurs ne font pas exception à la règle. Cependant, dans de nombreux cas, vous plongez en groupe, et sans doute avec un binôme, que vous avez rencontré quelques minutes seulement avant de dégonfler votre stab. Tout ira bien, vous dites-vous. Probablement.
Les plongeurs ont tendance à se comporter comme des molécules de gaz : Ils occupent tout l'espace disponible. En immersion, une ligne de plongeurs initialement rectiligne risque fort de dégénérer progressivement en forme de boule. C'est une loi presque scientifique. Cela peut être amusant à observer lors de plongées faciles en pleine eau, mais dans un canyon ou à l'intérieur d'une épave, cela peut être dangereux. Alors comment éviter que cela ne se produise ?
Le pouvoir magique d’un bon briefing
Oui, je sais, la plupart des briefings de plongée sont solubles – au contact de l’eau, ils ont tendance à se désintégrer. Néanmoins, un bon divemaster s'efforcera de délivrer des briefings stables chimiquement. Pour éviter qu'un groupe de plongeurs ne forme une boule, il est bon d'organiser le groupe en binômes. La règle d'or : Placez les plongeurs les moins expérimentés le plus près du guide de plongée et les plus expérimentés au bout de la file. Numéroter les binômes peut également être utile. Armé de ces informations, chaque plongeur devrait être capable de se positionner correctement – avec son binôme, bien sûr – sans intervention du divemaster.
Savoir qui surveille qui
Une idée fausse très répandue est qu’une palanquée est juste une grosse équipe de plongeurs. C'est l'une des choses les plus effrayantes que j'ai jamais entendues. C'est faux. C'est dangereux. Ne le faites pas. Ne comptez que sur votre binôme ! Ça n'a rien à voir avec la monogamie, juste avec l'aspect pratique des choses. Surveillez votre binôme et soyez prévenant avec elle, lui, iel, quel que soit leur pronom préféré. Pour des conseils de courtoisie plus détaillés, veuillez consulter le sujet précédent du Code du plongeur : Le binôme.
Les incroyables avantages d’une palanquée alignée
Et c'est parti. Une ligne se forme volontiers. Battant des palmes par paires, les plongeurs commencent à explorer le tombant du récif. Le divemaster repère une famille de poissons-clowns dans une anémone moelleuse et les montre du doigt à Paul et Sandra, la première équipe de binômes. Paul et Sandra s'approchent pour observer les petites créatures, puis s'éloignent, mais pas avant d'avoir montré l'anémone à Ben et Giulia, l'équipe suivante. Et ainsi de suite. Les instructeurs au bout de la file vont un peu plus profond, en faisant bien attention de rester derrière les autres afin d'éviter de faire des bulles dans la figure de tout le monde.
Oui, c'est le Paradis.
L’Enfer
Tout le groupe se précipite pour regarder le poisson clown. Il y a des bulles et des palmes de partout. Sandra a son détendeur arraché, pareil pour le masque de Giulia. Le moniteur, qui surgit d'en bas aussi furtivement qu'un requin, frappe Ben au menton avec son premier étage. Les poissons-clowns terrifiés ont depuis longtemps disparu au fin fond de leur anémone, tandis que des fragments de corail dégringolent vers les profondeurs de l'océan.
Voici donc les règles à suivre :
1 – Ne dépassez pas l’équipe de binôme devant vous
Vous ne couperiez pas la file d'attente au supermarché ou à l'arrêt de bus, n'est-ce pas ? Il n'y a donc aucune raison de le faire sous l'eau. Il n'y a pas de voie prioritaire sous les vagues.
Il peut y avoir des exceptions : Lorsque le courant est fort, vous pouvez vous retrouver comme sur une voie express. Ou peut-être que l'équipe de binômes devant vous s'arrête pour regarder quelque chose perdant une éternité. Mais le plus souvent, vous êtes en cause : peut-être battez vous des palmes trop vite sans vous en rendre compte. Ce n'est pas grave : Il suffit de garder son calme, de revenir en arrière et de reprendre sa position. C'est facile, promis.
2 – Respectez les distances de sécurité
Lors d’une plongée surpeuplée, les palmes, les sédiments et les bulles ont tendance à s’agréger autour des masques des plongeurs qui suivent. Une bonne technique de palmage vous aidera à ne pas remuer les sédiments, mais à moins que vous ne plongiez en recycleur, il vous sera difficile d’arrêter de faire des bulles. Essayez de ne pas aller plus profond que l'équipe de binôme qui vous suit. Les gros consommateurs d’air sont généralement à l’avant, à côté du guide de plongée, à une profondeur plus faible. Et ce, pour une bonne raison.
3 – Ne monopolisez pas les points d’intérêt
Imaginez une palanquée avec cinq équipes de binômes. Si chaque équipe s'arrête dix minutes pour observer un chromodoris quadricolor, il faudra au groupe cinquante minutes – soit une plongée entière passée à observer un seul nudibranche. Photographes, nous y voici ! Les amateurs de photos doivent se placer en bout de file. Encore mieux, et oui je sais que cela fait mal de payer un supplément, avez-vous envisagé de prendre un guide privé ? Le coût est une toute petite fraction de ce que vous avez payé pour votre équipement. Il existe également de nombreux centres de plongée qui accueillent spécifiquement les photographes. Il y en a peut-être un dans votre prochaine destination de plongée. Ceci étant dit, si vous ne pouvez pas avoir de guide privé… suivez le groupe et les règles.
4 – Soyez ponctuel
Même un petit retard lors de l'entrée dans l'eau peut gâcher une plongée. (Mais ne vous méprenez pas, vous ne voulez pas non plus vous écraser sur la tête de quelqu'un d'autre). De plus, restez bien visible du divemaster – souvent, il ne partira pas tant qu'il n'aura pas compté toutes les personnes présentes.
5 – Gardez un œil sur votre binôme
Les plongeurs ont l'habitude de regarder le fond, mais la plupart des dangers se trouvent à la surface. Imaginez que vous êtes le troisième de la file d'équipes de binômes. Votre binôme perd soudainement sa flottabilité et commence à monter vers des hélices rugissantes. Le divemaster ne sera pas assez près pour l'aider – c'est vous qui devez intervenir. En surface comme sous l'eau, "Où est votre binôme ?" est l'une des trois questions principales posées par les divemasters. La réponse la plus courante est une expression faciale avec des yeux écarquillés, suivie d'un regard de recherche d'un côté puis de l'autre. Nous n'avons pas fini d’en parler : Le fonctionnement en binômes est un fondamental de la sécurité en plongée. Alors agissez en conséquence.
6 – Ne harcelez pas les animaux marins
J'ai vu plus d'une pauvre murène se cacher et des requins détaler de peur pour échapper à l'assaut de plongeurs toutes bulles dehors. Et ne parlons pas des tortues… Les approches trop agressives de plongeurs sont néfastes aux créatures marines, et elles ne sont pas bonnes pour les plongeurs non plus. La plupart des animaux marins, y compris les requins, tentent de s'échapper lorsqu'ils sont harcelés. Pensez aux plongeurs qui ont gentiment accepté de rester derrière vous dans la file d'attente. Est-ce eux qui ont fait fuir le requin-baleine ? Je n'en dirai pas plus.
7 – Au sujet des shakers et autres avertisseurs sonores
En effet, ils sont un peu passés de mode. Laissez-moi vous expliquer pourquoi : Ce n'est pas parce que les oreilles des plongeurs sont devenues plus sensibles aux sons subaquatiques, c'est parce que les plongeurs ont compris que ces avertisseurs sonores font fuir les animaux marins. Malheureusement, tout le monde n'a visiblement pas reçu la note. Si vous possédez un de ces dispositifs infernaux, veuillez l'utiliser de manière responsable. Seul un plongeur en difficulté, ou peut-être un sous-marin nucléaire approchant à cinquante nœuds, peut justifier ce bruit. Au lieu de cela, parlez tout simplement. Saviez-vous que vous pouvez parler (et même crier !) à travers votre détendeur, et que les autres plongeurs pourront vous entendre ?
8 – Faites surface là où vous êtes supposés le faire
Personne ne reprochera jamais à un plongeur de faire surface loin du point de sortie ou au mauvais moment s'il a manqué d'air ou s'est fait surprendre par un courant fort. Néanmoins, ayez conscience que faire surface loin du point de sortie et/ou au mauvais moment peut enclencher une procédure de plongeur disparu.
9 – Evitez d'être celui ou celle qu’on attend pour sa déco
Vous avez un long palier de décompression non prévu à effectuer ? Ne le reprochez pas à l'algorithme conservateur de votre ordinateur : À moins que vous ne plongiez sur une épave ou dans une grotte avec un profil de plongée plus ou moins identique pour chacun, il y a de fortes chances que le problème n'ait pas été causé par votre ordinateur. Cinq minutes supplémentaires peuvent être acceptables, une demi-heure ne l'est pas. Et si la mer est agitée, attendez-vous à être traité encore plus durement par l'équipage de retour à bord.
10 – Soyez courtois
En tant que client sur un bateau de plongée, vous avez plus l'occasion d'être sympathique qu'un divemaster. Les guides de plongée ont cette préoccupation constante qui s'appelle la sécurité. Ils sont en charge de l’organisation de la plongée, et parfois ils sont même responsables au plan juridique. Ils doivent parfois être stricts voire explicites. Vous, en revanche, vous avez toujours la possibilité de rester courtois.
À propos de l’auteur
Membre DAN depuis 1997, Claudio Di Manao est un instructeur de plongée PADI et IANTD. Il est l’auteur d’une série d’ouvrages et de nouvelles sur la plongée, notamment Shamandura Generation, un portrait exaltant de la communauté de plongée à Sharm el Sheik. Il collabore avec des magazines, des radios et des journaux, pour lesquels il écrit et parle sur des sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur, comme la sécurité de la plongée, l’environnement marin et les voyages.
Traducteur: Florine Quirion
