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Plongée culte : les trésors de Jackson Reef (1re partie)
Golfe d’Aqaba, Égypte. Entre l’île de Tiran et la côte est du Sinaï, le golfe se rétrécit. Au milieu du détroit, une crête sous-marine s’élève vers la surface. Là où des courants riches en nutriments font rage, les coraux et la lumière vive ont créé un système de quatre récifs émergents. Jackson, le récif le plus au nord du système, reçoit les vents du nord et les courants du golfe d’Aqaba lorsqu’il se vide à marée basse. Il s’agit d’une sorte de parc d’attractions pour les plongeurs, combinant des montagnes russes et cinq plongées totalement différentes : le phare (Lighthouse), le jardin (Garden), Jackson-nord (North Jackson), Ras Goma, et le site populaire de Sella, également dénommé la « machine à laver ». Certaines de ces plongées peuvent toutefois tourner au cauchemar si le plan n’est pas respecté, en raison du réseau complexe de vagues et de courants. À partir du mois d’octobre, tout le bassin de la mer Rouge a tendance à se vider suite à un phénomène d’évaporation, rendant les prévisions difficiles.
Dans cette série de deux articles, nous célébrerons la richesse et la beauté de Jackson Reef, en soulignant ses particularités et ses dangers potentiels. Commençons par les trois premières plongées : le phare, le jardin et Jackson-Nord.
Le phare
GPS
- Long. 28° 0'21.70"N
- Lat. 34°28'17.68"E
Niveau : débutant, avancé.
Scénario
Face au mouillage, sur le côté sud, le tombant descend à la verticale jusqu’à atteindre un fond sablonneux à 55-60 mètres. Au niveau du phare, la pente devient plus douce, avec un tombant d’environ 15 à 20 mètres.
Que peut-on y voir, et quand ?
C’est une plongée toute saison. Le tombant, riche en gorgones et en coraux mous, est arpenté en surface par des bancs de carangues et de fusiliers. Il n’est pas rare d’y rencontrer des thons, des poissons Napoléon et des tortues de mer. De temps à autre, on peut même y voir des requins, en particulier des requins-renards, que l’on pouvait autrefois apercevoir bien plus souvent dans le bleu près du phare.
BRIEFING
Retour au bateau
En débutant au mouillage sur le côté sud, vous pouvez explorer le tombant en maintenant le récif à main gauche. Vous pouvez poursuivre tant que le courant vous permet de faire demi-tour facilement. Celui-ci tend à augmenter vers le phare.
ATTENTION : les courants peuvent augmenter drastiquement pendant la plongée, rendant le retour très difficile. Mieux vaut ne pas trop s’éloigner du mouillage si vous n’êtes pas certain de l’évolution des courants, en particulier si des vagues sont présentes au-delà du phare.
Plongée dérivante
En dérivante, vous aurez l’occasion d’explorer le magnifique jardin de corail au niveau du phare, puis de poursuivre le long d’une portion du versant nord, où vous pourrez éventuellement rencontrer des requins gris de récif, des tortues de mer et des barracudas. Au-delà du phare, le tombant plonge à nouveau dans une magnifique pénombre.
ATTENTION : cette plongée est uniquement possible si la mer est calme au-delà du phare, ou si vous disposez d’un zodiac. Même si vous faites surface dans la zone abritée, les courants peuvent vous pousser vers les hautes vagues en un clin d’œil, rendant périlleux le retour au bateau.
Le jardin
GPS
- Long. 28° 0'21.70"N
- Lat. 34°28'17.68"E
Niveau : Débutant, avancé, deuxième plongée, à planifier en fonction des courants.
Scénario
Il s’agit probablement du plus beau jardin de corail de toute la région de Sharm el Sheikh. Depuis le mouillage vers l’est, le récif prend progressivement la forme d’un demi-dôme. Une infinité de coraux de toutes sortes s’étalent à perte de vue, en particulier entre 15 et 5 mètres, sur des sols sablonneux ou des pentes douces, recouverts d’une vie marine foisonnante aux couleurs vives.
Que peut-on y voir, et quand ?
Tout au long de l’année, vous pourrez admirer des poissons-pierre dissimulés sous les rochers. À l’endroit où le récif est le plus abrupt, au-delà de 18 mètres, d’innombrables gorgones et coraux tabulaires dominent le paysage. Dans les 10 premiers mètres, les rencontres avec des requins à pointes blanches sont fréquentes. Les requins-marteaux et les requins gris peuvent être observés un peu plus bas, dans le canyon entre les récifs de Jackson et Woodhouse.
BRIEFING
Il est très rare que les conditions maritimes ici permettent d’effectuer une plongée en dérive. Le trajet de retour est déterminé en fonction des courants. La partie la plus intéressante est celle se situant entre 5 et 15 mètres de profondeur, du fait de sa variété et de la palette de couleurs. Notons également la vue imprenable sur le canyon, à environ 27 mètres. En cas de courants, ceux-ci augmentent vers l’ouest et à plus faible profondeur. En raison de la forme particulière de ce récif, la masse d’eau s’élève le long du tombant et s’engouffre dans le canyon pour remonter vers le haut du récif. Le cas échéant, il est prudent de se tenir à l’écart du récif et de rester à faible profondeur, en particulier lors du retour vers le bateau. Une bonne planification de la réserve d’air et de l’effort physique à déployer est essentielle.
ATTENTION : les courants peuvent être très forts et sont susceptibles d’emporter un plongeur, même bien entraîné et en bonne forme physique, vers le haut du récif ou vers des eaux extrêmement turbulentes. La récupération du plongeur peut alors s’avérer difficile à l’aide d’un zodiac, et peut même être dangereuse avec le bateau. Nous recommandons de veiller attentivement à la flottabilité, et d’éviter de se laisser emporter par les courants vers les eaux moins profondes ou vers la zone de vagues turbulentes.
Jackson-Nord
GPS : mise à l’eau
- Long. 28° 0'43.66"N
- Lat. 34°28'24.84"E
Niveau : avancé – plongeurs experts
Scénario
Le tombant, comparé aux autres plongées sur ce récif, n’offre pas d’intérêt particulier. Le principal attrait de la plongée sur Jackson-nord : les requins-marteaux, même si leur présence à considérablement diminué ces dernières années.
Que peut-on y voir, et quand ?
Les requins-marteaux peuvent être observés entre la mi-juin et début octobre.
BRIEFING
La plongée sur Jackson-Nord doit être planifiée en fonction des conditions maritimes et des courants. Le meilleur moment pour plonger est en marée descendante, lorsque le courant se dirige vers le sud. En l’absence de zodiac, il est préférable de plonger lorsque le vent faiblit (généralement en début d’après-midi). En laissant l’épave Lara derrière soi, on peut nager directement dans le bleu en direction du nord à une profondeur d’environ 10-15 mètres, jusqu’à ce que l’ombre du récif ait complètement disparu.
À ce moment, on commence à descendre, toujours en nageant lentement si le courant vient du nord, puis on patiente. La profondeur idéale est celle de la thermocline, entre 22 et 26 mètres. Il n’est pas nécessaire d’aller plus bas : si les requins passent par là, vous les verrez. Il est déconseillé d’attendre plus de 25 minutes, en raison du risque de dérive sur une longue distance ou vers des zones dangereuses. Après la plongée, en fonction des conditions maritimes et des moyens disponibles, on peut nager vers le tombant et sortir de l’un des deux côtés du récif, ou encore faire surface dans le bleu. Si les courants sont idéaux, la palanquée pourra se déplacer vers le tombant sans même palmer. Si vous consommez peu d’air et que vous avez passé peu de temps en profondeur, vous pouvez poursuivre la plongée en dérive le long de Ras Goma.
ATTENTION :
– Ne pas plonger en cas de courants vers le nord et les zones turbulentes si vous ne disposez pas d’un zodiac ! Jackson Reef est situé entre les passages Grafton et Entreprise, deux canaux importants pour la navigation maritime, sans cesse traversés par des navires de charge et des porte-conteneurs.
– Il est toujours recommandé de faire surface près du récif, dans une zone où les équipages locaux sont habitués à rechercher les plongeurs et les parachutes de palier, et où vous serez à l’abri des hélices des embarcations. Lorsque les vents soufflent du nord, une remontée vers le côté exposé du récif est impensable avec un bateau de sortie journalière.
– Nager dans le bleu peut désorienter, provoquer des vertiges et augmenter la narcose. L’absence de point de référence vous oblige à garder les yeux rivés sur les instruments et sur les bulles, de contrôler sans cesse votre flottabilité et de rester près de votre binôme et du reste de la palanquée.
– En cas de courants venant du sud, la visibilité, qui est généralement très bonne, diminue considérablement. Il peut se produire des turbulences, y compris des tourbillons, de forts courants ascendants et descendants qui, en l’absence de point de référence, peuvent mettre à mal même les plongeurs les plus aguerris. Dans ces conditions, il m’est arrivé d’apercevoir des bulles remontant, puis redescendant quelques mètres plus loin. Les forces de la nature appellent au respect.