Évaluation neurologique sur site
Environ deux tiers des plongeurs atteints d’une pathologie de décompression présentent des signes de lésion au niveau du système nerveux. Ces signes sont généralement vagues et difficilement identifiables par le plongeur, qui les considère souvent comme insignifiants ou non liés à la plongée.
Pour aider les plongeurs à déterminer si une lésion est simplement associée au port de bouteilles (voir l’article à ce sujet dans l’édition EAD 210) ou si elle est liée à la plongée, DAN a développé le programme de formation Onsite Neurological Assessment for Divers (Examen neurologique sur site pour plongeurs).
Un examen neurologique simple mais complet et efficace permet de fournir un traitement approprié aux plongeurs impliqués dans une urgence en plongée, et ce, à trois niveaux :
- Les professionnels médicaux et les médecins de DAN disposent d’un système fiable leur permettant de déterminer la gravité d’une urgence en plongée, en fonction des symptômes rapportés par les plongeurs présents sur le lieu de l’accident.
- Les formations destinées au personnel clinique dans les régions reculées fréquentées par les plongeurs sont souvent difficiles à trouver ou peu fiables.
- Selon les recherches menées par DAN, de nombreux plongeurs, en niant l’existence de leurs symptômes, retardent l’activation d’un plan d’urgence, l’administration de premiers soins avec oxygène et la fourniture de soins définitifs. Un examen simple démontrant au plongeur accidenté l’existence effective d’un problème permet d’accélérer l’administration d’un traitement sur site (par exemple, l’administration d’oxygène) et, par conséquent, la résolution de ses symptômes.
Seuls les médecins qualifiés sont habilités à diagnostiquer des affections médicales. Les informations recueillies lors d’un examen neurologique pourront aider le médecin de la plongée à comprendre l’ampleur des lésions et leur évolution depuis le moment où le plongeur a quitté le site de l’accident jusqu’au moment où il est arrivé à l’établissement de soins.
Un examen neurologique sur site couvre les domaines suivants :
- La fonction mentale;
- La fonction faciale;
- La fonction motrice;
- La fonction sensorielle;
- L’équilibre et la coordination.
Autres formations disponibles
Des formations du même type sont déjà disponibles sur le marché depuis plusieurs années, notamment les programmes de formation proposés en version imprimée par la Marine américaine et la NOAA (National Oceanic Atmospheric Administration). Après consultation de ces programmes, DAN est parvenu à la conclusion qu’une grande partie des examens détaillés dans ces programmes étaient inadaptés à la population générale de plongeurs et aux environnements de plongée récréative. En effet, ces examens requièrent un équipement avancé et ne peuvent être réalisés sur un bateau de plongée.
Le directeur médical de DAN Amérique, le Dr Richard Moon, avec l’assistance du Dr Wayne Massey, un neurologue du centre médical de la Duke University possédant de l’expérience dans le soin des plongeurs accidentés, a examiné les programmes existants et a identifié les aspects qui lui semblaient réellement nécessaires et utiles dans le cadre d’un examen neurologique sur site.
Identification et compréhension du problème
Le rapport de DAN sur la pathologie de décompression, les accidents mortels en plongée et l’étude Project Dive Exploration cite de nombreux cas de plongeurs ayant mis plusieurs heures, voire plusieurs jours, à identifier des signes de complications neurologiques apparus après leur plongée, car personne autour d’eux n’avait pensé réaliser un examen plus poussé de leurs symptômes. Selon le dernier rapport de DAN, le délai moyen entre l’apparition des symptômes et le traitement était de 19 heures parmi les cas rapportés.
Cependant, la majorité des plongeurs ont déclaré avoir ressenti les premiers symptômes dans l’heure suivant la fin de leur plongée. Par ailleurs, un nombre important de plongeurs ayant présenté des symptômes de pathologie de décompression sont tout de même retournés à l’eau pour effectuer une autre plongée.
Jusqu’à présent, les trois symptômes les plus couramment rapportés de la pathologie de décompression sont l’engourdissement/les picotements, la douleur et la faiblesse musculaire. Tous trois sont des indications de problèmes neurologiques et de pathologie de décompression.
L’on constate néanmoins que les plongeurs attendent souvent trop longtemps avant de consulter un médecin suite à l’apparition de leurs symptômes car ils nient l’existence d’un problème. Et s’ils sont conscients de la présence d’un problème, ils y trouvent une justification. Ce n’est qu’en s’apercevant que le problème persiste qu’ils finissent par demander une assistance.
L’un des rapports de DAN relate notamment le cas d’un plongeur qui s’est senti déconnecté après sa sortie de l’eau : pendant environ une demi-heure, il ne parvenait plus à se rappeler les noms des plongeurs. Les médecins appellent cela une « altération de l’état mental », un trouble qui requiert une réponse immédiate. Dans le cas de ce plongeur, aucune action n’a été entreprise et le plongeur a continué à plonger. Quelques jours plus tard, il a néanmoins dû recevoir un traitement pour la pathologie de décompression.
Un bilan des antécédents médicaux du plongeur permet de déterminer si le problème est lié à la plongée ou si les symptômes peuvent provenir d’une condition médicale préexistante. L’examen neurologique sur site consiste principalement en une série de questions : les réponses fournies par le plongeur accidenté permettent de restreindre les possibilités et d’obtenir des informations utiles à transmettre au médecin traitant.
En réalisant un examen rapide de la situation et en persuadant le plongeur accidenté de l’existence potentielle d’un problème, vous franchissez une première étape importante. La réduction des délais de reconnaissance des symptômes et de traitement est un élément essentiel dans les premiers soins.